Le digital envahit la société et l’économie à un rythme accéléré. Tous les experts s’accordent pour dire que nous sommes entrés dans une nouvelle révolution industrielle. Chaque révolution est caractérisée par une innovation technologique qui amène une disruption des usages. Après celles liées à l’apparition du moteur (1ère révolution), de l’électricité (2ème), de l’informatique (3ème), voici venu celle du numérique (4ème pour certains, toujours la 3ème pour d’autres).

Quid de l’industrie dans tout cela ? Est-elle impactée ?

L’industrie en France, quel état des lieux ?

La bonne santé de quelques-uns (aéronautique, espace, luxe, pharmacie, automobile depuis peu) ne peut dissimuler la situation affaiblie de l’industrie en France. L’emploi industriel a diminué fortement entre 1998 et 2018 (-25%). Parallèlement, sur la même période, les importations ont progressé fortement (+40%) démontrant la difficulté de la production française à répondre à la demande.

Une étude intéressante, menée par le cabinet BOOZ auprès de 350 entreprises américaines, a montré que celles ayant investi dans les nouvelles technologies étaient à 80% plus performantes que les autres. A la lecture de cette étude, démontrant l’impact de l’usage du numérique sur la compétitivité, on ne peut s’empêcher de se poser les questions suivantes : il y a-t-il un lien entre le déclin de l’industrie française et un sous-investissement dans les outils numériques ? Cela est-il lié à la faible taille des entreprises (89 % des entreprises industrielles française ont moins de 10 salariés) ? Aider les PME et TPE à saisir l’opportunité du numérique, peut-il aider l’industrie française à se repositionner ?

De fait, les TPE et PME françaises sont en retard dans l’adoption des outils numériques par rapport aux entreprises des autres pays développés. Elles se caractérisent par des taux d’usage se situant à la moyenne des pays de l’Union Européenne, loin du classement auquel on pourrait s’attendre pour la 5ème économie du monde. A titre d’exemples, à peine la moitié des entreprises de 10 à 20 salariés ont un site Internet, peu utilisent la CAO, très peu les outils collaboratifs, quasiment aucune les outils de simulation. Mon cabinet a mené récemment une étude comparative pour un acteur important des matériels électroniques utilisés dans le domaine de la santé. Cette étude a montré que moins de 10% des autres acteurs de ce secteur utilisent (ou envisagent d’utiliser) des outils de Gestion Electronique des Données et Documents Techniques (GEDT) alors même que ces outils apparaissent indispensables dans un secteur où les contraintes règlementaires sont de plus en plus importantes.

Quelles opportunités pour l’industrie ?

L’industrie 4.0, c’est pourtant l’opportunité pour les entreprises de :

  • augmenter leur visibilité et leurs ventes en ligne et donc leur chiffre d’affaires,
  • améliorer la productivité de leur processus, et ainsi diminuer leurs coûts et engendrer des gains de compétitivité décisifs,
  • mieux comprendre leur marché et le comportement de leurs clients, favoriser le travail d’innovation et booster la créativité,
  • aller vers de nouvelles collaborations au sein de l’entreprise, mais aussi avec son environnement.

Les outils disponibles sont nombreux (voir lexique en encart) :

  • les outils permettant de mieux gérer les processus : PGI ou ERP, Gestion des affaires, GPAO, MES…
  • les outils facilitant la Relation Client (GRC ou CRM), la configuration des produits par le client lui-même, le Service Après Vente…
  • les outils facilitant la conception des produits : CAO, GEDT, prototypage, SGDT, PDM, PLM…
  • les outils favorisant la production : tours numériques, robotique, mécatronique, FAO, impression 3D, fabrication additive simulateurs, …
  • les outils favorisant l’innovation dans les produits : analyse des données des clients collectées par les produits eux-mêmes (votre imprimantes collecte sans aucun doute la quantité de pages que vous imprimez), participation des clients à la conception des produits grâce notamment aux réseaux-sociaux, suivi du succès des produits une fois lancés…
  • l’innovation dans les produits fabriqués eux-mêmes, grâce aux objets connectés, à la réalité augmentée … Je me souviens être intervenu pour un fabricant de céramiques d’art en fort déclin face à la production chinoise, avec lequel nous avions convenu de lancer la fabrication de plaques de rue munies de puces RFID permettant aux passants de savoir qui est le grand homme dont la plaque porte le nom … cela avait relancé sa production !

L’enjeu pour nos PME industrielles est très grand et mérite d’être accompagné

Les entreprises industrielles doivent agir dès maintenant pour éviter de rester au bord du chemin. Les transformations induites concernent les produits et services, les politiques d’innovation, la relation et le service aux clients, les opérations, les modes de travail, les process, l’évolution des compétences des collaborateurs… avec un impact sur plusieurs de ces volets. Ces transformations sont complexes car elles sont au carrefour de la stratégie, du marketing, des processus et de la technologie.

Si les grandes entreprises disposent des moyens pour se lancer, nos PMI et TPI, de petites tailles, ont du mal à le faire. Elles ont une vision limitée des opportunités disponibles et ne savent pas comment s’y prendre.

Les pouvoirs publics l’ont bien compris. Dans le cadre du programme d’investissements d’avenir, ils ont mobilisé 300 M€ de prêts destinés à financer les entreprises engagées dans des d’investissement structurants de déploiement de solutions numériques. Ils ont constitué par ailleurs un réseau de « conseillers numériques » sur tout le territoire. L’Union Européenne accompagne cet effort dans le cadre des fonds qu’elle accorde. Les budgets sont gérés désormais par les Régions, les actions étant souvent confiées au réseau des Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI). Des actions sont parallèlement parfois menées par les Communautés de Communes, les CMA (Chambre de métiers et de l’artisanat) et les OPCA.

Bien-entendu, les missions réalisées portent actuellement sur des actions que l’on pourrait appeler « de base » : dématérialisation des processus, mise en place d’un ERP, d’une CAO …, mais tendent naturellement à monter en gamme. L’accès au nouveau monde est une sorte d’escalier qu’il faut gravir, et il faut bien commencer par la 1ère marche !

Le numérique est un moteur de modernisation, de compétitivité et d’innovation. Donc, amis dirigeants de PME, notamment industrielles, n’hésitez pas à vous renseigner. Faites le tour des popotes : sites de votre région, communauté de communes, CCI, OPCA. Des programmes d’aides sont certainement prévus. Dans tous les cas, saisissez l’opportunité et allez-y !

La plupart des innovations et une part importante de la croissance reposent en effet aujourd’hui sur une exploitation des nouvelles technologies liées au numérique. Les enjeux sont donc vitaux pour le développement de la compétitivité des entreprises.

Le cabinet de conseil que je dirige a choisi d’apporter sa pierre au redressement de l’économie française en participant activement aux initiatives prises par les pouvoirs publics pour favoriser la transition numérique des entreprises françaises. Nous sommes intervenus pour de nombreuses PME/PMI, ce qui me permet de vous dresser dans cet article un panorama de la situation. J’espère que cela favorisera la prise de conscience et donnera les clefs pour se lancer à tous les dirigeants de PME/PMI et acteurs impliqués au sein de leur entreprise.

 

Sujet :

L’industrie en France est réduite à portion congrue alors que les importations de produits manufacturés n’ont pas arrêté de progresser fortement depuis 30 ans. Les études publiées démontrant l’impact de l’usage du numérique sur la compétitivité, on ne peut s’empêcher de se poser les questions suivantes : il y a-t-il un lien entre le déclin de l’industrie française et un sous-investissement dans les outils numériques ? Cela est-il lié à la faible taille des entreprises (89 % des entreprises industrielles française ont moins de 10 salariés) ? Aider les PME et TPE à saisir l’opportunité du numérique, peut-il aider l’industrie française à se repositionner ?